C’est dans le but de contribuer à la révolution digitale du bâtiment et industrielle que Patrick Fichou a fondé Hxperience en 2014 avec deux associés rencontrés chez Nokia Networks où il a travaillé durant plusieurs années. Optimiser les coûts de maintenance, les taux d’occupation, l’efficacité opérationnelle, et ainsi améliorer le confort et la sécurité tant des occupants que des exploitants sont autant de défis que doit relever le bâtiment.

Aujourd’hui, explique Patrick Fichou à l’occasion d’un entretien sur Hxperience et ses objectifs, les bâtiments émettent peu de données et les systèmes utilisés sont très propriétaires et fermés. Il n’y avait en outre jusqu’ici pas encore de technologies suffisamment bon marché pour pouvoir généraliser ce genre de projets dans les bâtiments. Mais cette révolution arrive notamment avec l’arrivée de capteurs qui permettent de connecter n’importe quel équipement à moindre coût, souligne-t-il. Ses explications :
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Optimiser les coûts de maintenance et le taux d’occupation des bâtiments

Quels sont les objectifs de Hxperience, et plus globalement, quels sont les défis que le secteur du bâtiment doit relever aujourd’hui ?

Les coûts de maintenance et d’exploitation du bâtiment représentent aujourd’hui à peu près 75% du TCO (total cost of ownership, le coût global du bâtiment de sa construction à sa destruction, sur une période de 50 ans environ). Les 25% restants sont répartis comme suit : 20% pour le coût de construction et 5% pour toute la partie ingénierie.

Il y a eu des évolutions importantes au niveau énergétique, mais il y a encore beaucoup de choses à améliorer, et notamment sur d’autres aspects tels que les processus métier qui peuvent être largement optimisés grâce à la digitalisation.

Nous nous concentrons aussi sur le taux d’occupation moyen dans le tertiaire. Une société qui loue un espace dans un bâtiment tertiaire n’en occupe aujourd’hui que 55%. Un taux très faible. Beaucoup de sociétés se penchent sur ce problème. Certaines grandes sociétés espèrent parvenir à le faire grimper au-delà des 80%. Cela nécessite de récupérer un certain nombre de données spécifiques dans le bâtiment pour analyser les usages et gérer les espaces de façon bien plus efficace.

 

Digitalisation du bâtiment et efficacité opérationnelle

Le défi majeur à relever est de parvenir à une digitalisation du bâtiment tout entier et tout au long de son cycle de vie, de la phase de construction jusqu’à la partie exploitation et maintenance. Cette dernière activité mobilise encore aujourd’hui beaucoup de personnel de maintenance qui se déplace dans les bâtiments pour vérifier que tout fonctionne correctement ou encore résoudre un problème qui pourrait être traité à distance grâce aux objets connectés. Si l’on peut piloter l’intégralité des équipements à distance, il est facile d’éviter de nombreux déplacements sur site et d’optimiser les déplacements nécessaires.

Parallèlement à cela, les clients (exploitants ou résidents) n’ont aucune visibilité sur ce que font les entreprises intervenant dans le bâtiment y compris sur la partie maintenance. Un suivi d’indicateurs contractuels peut être réalisé grâce au numérique pour leur offrir cette visibilité.

Enfin, les consommations de fluides, électricité, eau et gaz, peuvent être optimisées facilement grâce à des remontées d’alertes. Ainsi, on parvient à limiter les consommations de 5 à 10%.

Cette digitalisation est intéressante également pour les équipementiers qui aujourd’hui, une fois leurs équipements vendus et installés dans le bâtiment, n’ont plus aucune information sur ce qu’il se passe. Grâce à la mise en place de solutions de gestion connectées, les fabricants peuvent recueillir et analyser les données sur l’état des équipements et l’usage qui en est fait.

 

Mieux gérer les risques, gagner en sécurité, améliorer la gestion d’espace des bâtiments

En quoi la numérisation des bâtiments contribue-t-elle à optimiser la sécurité et le confort des occupants ?

Nous commençons à travailler avec des compagnies d’assurance qui envisagent de proposer différents tarifs à leurs clients pour assurer un bâtiment. Elles offrent une décote sur leurs prix si des solutions connectées sont mises en place sur diverses installations pouvant engendrer des coûts et risques importants (fuites d’eau, incendies, etc.). Cela leur permet de gérer les risques de manière bien plus efficace. Il s’agit d’un véritable progrès en matière de sécurité puisque l’information sur l’état opérationnel du bâtiment remonte à l’exploitant et lui permet d’agir dans les meilleurs délais en cas de sinistre constaté ou potentiel.

Nous travaillons sur des solutions visant à améliorer la gestion d’espace notamment. Il s’agit de mettre à disposition des occupants un certain nombre d’outils informatiques pour leur permettre, par exemple, d’optimiser l’utilisation d’une salle de réunion. Nous plaçons des capteurs dans la salle de réunion qui indiquent la présence de personnes dans la salle, éventuellement leur nombre, et corrélons ces données en temps réel avec l’information de réservation disponible sur un planning en ligne.

Cela permet aux occupants de mieux s’organiser et aux gestionnaires de connaître précisément la fréquentation de ces salles en réel et agir en conséquence. La gestion de l’accueil est aussi de plus en plus automatisée pour gagner en sécurité mais aussi pour gagner du temps.

 

Passer en mode pro-actif, miser sur l’analyse prédictive

Dans le cadre d’une récente étude, 87% des personnes interrogées ont affirmé penser que l’Internet des objets changerait véritablement le mode de fonctionnement de l’industrie dans les trois prochaines années. Quel est votre avis ?

Je partage cet avis même si je pense que cela prendra un peu plus de temps, plutôt 3 à 5 ans. Mais ce qui est certain, c’est qu’un vrai bouleversement attend le secteur de l’industrie.
Aujourd’hui, nombre de nos clients dans l’industrie installent des équipements dans des bâtiments mais ne savent pas comment ces équipements sont utilisés. Demain ils seront informés avec précision et cela aura des impacts importants au niveau du marketing. Les équipes de marketing auront en effet des remontées d’information du terrain qu’elles n’avaient pas forcément auparavant, de même que la R&D sera en mesure de savoir si des fonctionnalités développées sont utilisées ou non. Toutes ces informations clients sont extrêmement précieuses.

La période de garantie pourra aussi être gérée de façon bien plus efficace grâce à la collecte d’informations permettant de déterminer si l’équipement est utilisé conformément aux préconisations du fabricant.

Grâce aux données remontées, il est possible de proposer de nouveaux services comme la maintenance prédictive des équipements et ainsi déclencher une intervention avant qu’une panne n’intervienne. La relation client s’en trouve ainsi modifiée car cela permet à l’entreprise d’être proactive et non plus réactive en cas de problème. Les processus métiers de l’entreprise sont alors impactés et modifient le fonctionnement d’une société.

Cependant, les projets ne sont lancés que quand le retour sur investissement sur 12 à 18 mois est important alors qu’il est souvent nécessaire d’attendre un peu plus longtemps avant d’avoir une rentabilité qui peut être exponentielle. Il y a donc parfois une contradiction entre la volonté stratégique de la direction générale de digitaliser un certain nombre de processus et la difficulté à démontrer un retour sur investissement suffisant à court terme, ce qui ralentit la mise en place de ces nouvelles solutions. Bien entendu, le risque pour les sociétés qui attendent trop est de se voir distancer par leurs concurrents.

 

Hxperience, ses clients, ses succès, sa philosophie

Quels types de clients s’adressent à Hxperience, et pour faire face à quel type de problématiques ?

Nous avons plusieurs segments de clients. Les premiers sont des grands comptes qui possèdent des parcs immobiliers importants. Nous travaillons avec la direction immobilière de ces comptes pour optimiser tout ce qui est exploitation, maintenance, etc.

Le second axe concerne les professionnels de l’immobilier : cela va des cabinets d’ingénierie qui commencent à nous consulter de façon régulière pour voir les tendances d’architecture technologique qu’il faudra prévoir dans les nouveaux bâtiments, en passant par des maîtres d’œuvre, des constructeurs, promoteurs, jusqu’aux groupes de maintenance multi-services ou facility-management qui ont besoin d’automatiser un certain nombre de processus métiers.

Enfin, les équipementiers industriels, qui vendent des équipements positionnés dans des bâtiments et qui souhaitent obtenir des informations qui remontent aux usages qui en sont faits.

 

Votre réalisation la plus marquante ?

Nous travaillons avec la SNCF sur la digitalisation de ses gares avec pour enjeu de pouvoir piloter à distance un certain nombre d’entre elles. La SNCF a des obligations de sécurité, d’accessibilité. Il est donc important de disposer de remontées d’informations fiables et régulières permettant de déployer des techniciens sur place quand il y a un problème.

 

En quoi Hxperience se distingue des autres acteurs du marché ? Quelle est votre philosophie, quels sont vos atouts principaux ?

Nous travaillons de façon très étroite avec les opérationnels, ce qui est fondamental dans la mise en place de ces nouvelles technologies. Les solutions mises en place doivent faciliter le travail des directions métier.

Pour en savoir plus, rencontrer l’équipe de Hxperience et découvrir nos solutions de smart building, n’hésitez pas à nous contacter : contact@hxperience.com.